L’association J’ai un rêve a été fondée en 2003 dans un but social et humanitaire. Elle accompagne des jeunes fragilisés par des parcours scolaires et/ou familiaux difficiles dans la réalisation de leurs rêves. Or, pour les accompagner correctement, l’association a besoin de prendre en compte l’environnement familial. C’est pourquoi elle a créé le programme « Explorer mes talents » en direction des parents bénéficiaires du RSA dans les Hauts-de-France. L’objectif est d’aider ces parents à rompre la projection de leurs doutes, souffrances et incertitudes sur les enfants.
Rencontre avec Muriel Hermine, fondatrice et Directrice Générale de J’ai un rêve
- Muriel, en quelques mots, comment avez-vous construit le programme « Explorer mes talents » ?
« Forte de vingt années passées à accompagner des jeunes en souffrance et en échec scolaire, j’ai conçu le programme après avoir fait un constat. Aujourd’hui, accompagner les jeunes en difficulté ne suffit plus si nous ne prenons pas en compte l’environnement familial. Le décrochage scolaire n’arrive pas au hasard. Il est souvent le fruit d’un environnement familial instable, souvent fragile, parfois maltraitant. Et nous ne pouvons pas lutter lorsque, après quelques semaines passées à accompagner les jeunes dans leur construction, ils retournent chaque soir au sein de leur famille qui, elle, ne change pas. De ce constat est né le programme « Explorer mes talents », en direction des adultes, pour les aider à se sortir de leur propre situation compliquée afin qu’ensuite ils soient en mesure d’aider leurs enfants. »
- Qui sont les experts de votre équipe ?
« Je me suis entourée d’une équipe d’intervenants qui ont de vraies convictions et une réelle valeur ajoutée par rapport aux contenus du programme. Autre point important : ils sont tous en activité. Autrement dit, en dehors de leurs interventions, ils sont constamment en contact avec le terrain. Ce point est important car notre force est d’anticiper les besoins des adultes et des jeunes, et de toujours trouver les outils pour y répondre avant qu’ils ne soient exprimés par les stagiaires. »
- Vous en êtes à votre deuxième expérimentation, quels sont vos premiers constats ?
« Tout d’abord, je constate que chaque être humain possède un potentiel incroyable qu’il ne soupçonne pas de lui-même, y compris les personnes qui ont passé des années dans la rue et qui décident d’en sortir. Je l’ai remarqué une fois de plus avec notre première expérimentation lancée de concert avec [La Sauvegarde du Nord], sur Lille en septembre. Ensuite, j’ai constaté que le travail d’équipe et la complémentarité de nos approches ont permis les résultats obtenus lors de cette collaboration lilloise. On ne peut plus travailler chacun dans notre petit coin avec la peur que les autres viennent manger notre herbe verte. Trop de gens sont en souffrance. Le monde est en pleine mutation, les façons de travailler doivent s’y adapter. Enfin, j’ai noté que les moments partagés avec la promotion de septembre ont été très forts, très beaux et très profonds. J’aime de plus en plus travailler avec les adultes parce qu’après avoir fait maintes et maintes formations, ils sont prêts aujourd’hui à entendre un autre discours. »
- En septembre, vous avez investi le Nord grâce à l’appui du Fonds Gérard et Bernadette Mulliez, et avec La Sauvegarde du Nord, quel regard portez-vous sur la vie associative du Nord ?
« Je suis impressionnée par la solidarité qui existe dans la région, et par l’authenticité, la générosité avec lesquelles vous œuvrez auprès des personnes vulnérables. J’ai découvert un élan de cœur sincère, non perverti par des considérations politiques ou partisanes. Je suis très heureuse de travailler avec les équipes de La Sauvegarde du Nord et du Fonds de dotation. J’aime le Nord et je me sens bien quand je viens chez vous ! »
- Quels sont vos prochains projets ?
« Après notre deuxième expérimentation qui se tiendra jusqu’en décembre sur Douai, j’aimerais vraiment renouveler notre collaboration en 2025 et aller plus loin dans une réflexion sur les besoins du territoire et l’accompagnement des bénéficiaires. Et J’ai un rêve va lancer en janvier un nouveau programme de six mois pour 70 élèves de seconde professionnelle, fragiles et suicidaires, d’un lycée de région parisienne. Le projet est bien parti ! Il reste à boucler le budget. »
Rencontre avec Michel Kukula-Descelers, Directeur du Fonds Gérard et Bernadette Mulliez
- Quel a été le leitmotiv du Fonds de dotation pour appuyer l’association J’ai un rêve et le programme mené par Muriel Hermine ?
« Le projet de l’association J’ai un rêve, que nous avons accompagné, vise à redonner aux bénéficiaires du RSA les rênes de leur vie, c’est-à-dire à redevenir acteurs de leur vie. Cela est fondamental car sans confiance en soi, on n’a pas la force d’avancer et de se construire. Par conséquent, notre leitmotiv dans ce projet a été de contribuer à redonner confiance. »
- En tant que chef d’orchestre de la mise en relation de La Sauvegarde du Nord et de l’association J’ai un rêve, quel regard portez-vous sur cette synergie en faveur des personnes accompagnées ?
« Nous pensons que les grandes choses ne se font pas seul. C’est l’union des bonnes volontés qui construit les grands projets. La Sauvegarde du Nord est un acteur précieux pour ce type de projet au regard de sa capacité à se mobiliser rapidement. Cela permet de décliner l’action sans attendre en faveur des personnes accompagnées. »
- Au regard des engagements des protagonistes, si vous deviez donner trois mots pour résumer le programme, quels seraient-ils ?
« Je dirais bienveillance, confiance et implication. »